mercredi 30 novembre 2011

L'ART AU SERVICE DES HUMAINS POUR CONSOLER LEURS CHAGRINS DANS CETTE VALLÉE DE LARMES...


S'il est vrai que notre terre est une vallée de larmes...  Si nos espoirs de bonheur finissent par s'échouer comme des naufragés sur les récifs de la mort de nos amours, de nos fidèles animaux de compagnie, de nos amis, de nos êtres chers...  Si la mort de nos proches nous assomme, nous fait perdre conscience, nous plonge dans la froideur et la noirceur des ténèbres...  

Après le choc de la mort, après le déni et l'incompréhension qui s'ensuivent; après la colère qui nous envahit; vient cette immense tristesse qui semble nous vider de notre propre vie...  Comment soulager notre douleur et notre affliction ?  Qui peut nous donner un peu d'apaisement, de sérénité, de paix, pour finir par accepter l'inévitable ?  

Pour certains endeuillés, la foi, la prière et la religion peuvent les aider à passer à travers cette épreuve terrible de la mort d'un être aimé.  Leur foi profonde en la résurrection, ou leur croyance en une réunion future avec leurs chers disparus, dans un monde meilleur, peut même raviver leur spiritualité et changer leur vie pour le mieux.  

Pour d'autres, c'est la mère nature, le soleil, les espaces verts, la paix des champs, une mer qui vous berce dans ses flots, le grand air de la montagne, le chant des oiseaux, ou simplement le temps qui passe et un peu de méditation, qui arrangeront les choses, leur permettront de retrouver l'équilibre, de remettre de l'ordre dans leurs idées et leur vie.



Et puis, c'est aussi le rôle de l'art et des artistes de guérir, de bercer, de consoler les humains quand ils souffrent ou sont désespérés.  Il existe un art du deuil, une façon de le traverser pour qu'il devienne une expérience positive. Pour que les endeuillés évitent de sombrer dans les regrets, les remords, les tourments, la confusion, la dépression.  

Le remède le plus efficace pour soigner ces malaises est la chaleur humaine.  Il faut que la personne affligée puisse compter sur l'écoute attentive, la compréhension et l'amour des siens.  Elle doit exprimer ses sentiments, sa douleur, sa tristesse afin de s'en libérer petit à petit.  

Si elle ne trouve pas les mots ou les moyens pour le faire, c'est l'oeuvre d'un artiste : une chanson, une musique, un poème, le tableau d'un peintre qui pourra la secourir ou l'aider à "réussir" son deuil.  

Les artistes eux-mêmes, ces experts de l'expression et de la communication, répètent souvent que leur art est une thérapie qui leur permet de vivre ou de supporter la vie.  Face au deuil (le leur ou celui de leurs proches), c'est leur plume, leur instrument de musique, leur pinceau qui leur permet de descendre au plus profond des âmes, d'y voir clair, et de trouver les moyens de la réconforter.


À titre d'exemple, la chanson intitulée "À ma mère" (aussi connue sous le titre "Perce les Nuages") écrite et composée par Paul Daraîche, est faite d'une poésie toute simple mais qui dit tout ce qu'un enfant endeuillé ressent et devrait dire à sa mère, elle qui, en perdant le conjoint avec qui elle vivait un amour fusionnel, se trouve à perdre la moitié de son être.  

Aussi simple soit-elle, c'est une grande chanson, une merveilleuse berceuse qui remplit bien ce rôle d'instrument de consolation de la douleur humaine.  

Quelle belle idée de demander tour à tour au grand soleil, au vent de la mer et à une étoile de la nuit de se faire tout à la fois messagers et acteurs afin de soutenir des personnes affectées par la perte d'un être cher.  

Ce n'est pas pour rien que tant de chanteurs et de chanteuses ont repris cette oeuvre bienfaisante, entre autres : Isabelle Boulay, Patrick Normand, Mario Pelchat, etc.  

Cette mélodie est également jouée lors de funérailles.  La voici, interprétée par Isabelle Boulay, et accompagnée d'images que j'ai sélectionnées...

samedi 6 août 2011

IMAGINONS COMMENT SCOTT FRAY POURRAIT PEINDRE LE CORPS DE LA JOCONDE SI ELLE VIVAIT AUJOURD'HUI !


Les puristes des beaux-arts seraient indignés et horrifiés même si cette idée ne faisait qu'effleurer leur esprit. Mais ne serait-il pas amusant d'essayer de les convaincre que le génial Léonard de Vinci, s'il vivait aujourd'hui, ne ferait pas le portrait d'une Mona Lisa mais préférerait peindre... directement sur son corps nu ?! Avant-gardiste révolutionnaire et très ouvert d'esprit, le grand maître italien qui a peint la Joconde entre 1503 et 1506, aurait beaucoup de plaisir en vivant à notre époque. À la fois scientifique, inventeur et maître dans plusieurs arts, il pourrait faire éclater ses multiples talents et son ingéniosité sans bornes en pratiquant le body painting. Cet art moderne qui connait un grand essor, surtout depuis le début du 21e siècle, lui permettrait de n'avoir pour limites que sa propre imagination. Grand peintre devant l'éternel, Léonard de Vinci saurait encore de nos jours comment exploiter à merveille toutes les formes du corps humain. Sculpteur en son temps, il ferait aujourd'hui des prodiges en coiffant et en ornant les cheveux et la tête des modèles contemporains qui prêtent leur physique aux adeptes de l'art corporel. Nul doute qu'il aurait aussi maîtrisé l'art du maquillage pour faire de ses sujets des chefs-d'oeuvre incomparables. Et sa Mona Lisa de 2011 pourrait servir son génie créateur de façon extraordinaire, avec toute une panoplie de poses et d'expressions faciales diverses. Pas seulement par le sourire énigmatique qui a fait sa renommée et celle de celui qui l'a peint...



Trêve de rêves psychédéliques et d'hypothèses fabuleuses, les maîtres actuels du body painting nous donnent, par leurs oeuvres magnifiques bien réelles, une idée de ce que Léornard de Vinci aurait pu accomplir s'il vivait dans le présent siècle. Des artistes comme l'Américain Scott Fray et son assistante Madelyn Greco (photo ci-dessus) repoussent, année après année, les frontières de l'impossible en matière de body art. Ils éblouissent des dizaines de milliers de spectateurs qui sont témoins de leurs performances au cours de festivals extérieurs comme le North American Body Painting Championship (USA) ou le World Bodypainting Festival (Autriche). Deux compétions de très haut niveau qu'ils ont gagnées cette année, Fray ayant en plus l'honneur de devenir le premier et le seul artiste de body painting à être admis à l'International Fine Art Body Painting Association (IFABPA). Par leurs travaux spectaculaires et leurs productions visuelles vibrantes et très achevées, ils confondent les puristes qui refusent toujours de considérer le body painting comme une forme d'art légitime. Comme un art à part entière. Comme si cette forme d'expression n'avait pas évolué depuis ses débuts modernes quand, dans les années 1960, les hippies se dessinaient des fleurs sur la peau.




Scott Fray a commencé sa carrière de peintre corporel par hasard, au cours d'un festival de peinture, en 2002. Déjà en ces temps-là, ce peintre conventionnel cherchait une nouvelle voie ou un moyen de rendre son travail plus excitant. Une femme l'a approché afin qu'il lui fasse un dessin sur un bras. Une fois la "commande" remplie, Fray s'est aperçu, par la réaction du public, qu'il suscitait soudain beaucoup d'intérêt. Un pouvoir d'attraction qu'il n'aurait pas fait naître s'il avait exécuté son dessin sur une toile ou du papier. Renouvelant plus tard cette première expérience au cours d'évènements semblables, ce sont des applaudissements et des ovations que Fray s'attira à partir de ce moment-là. De fil en aiguille, la vocation du nouveau peintre corporel s'affirme et il choisit de faire de cette activité sa profession. Il gagne sa vie en répondant aux besoins des producteurs dans les domaine du théâtre, du cinéma, de la danse ou des concerts musicaux. Lorsqu'il peint des gens sur commande, il travaille d'instinct, dans une démarche du type "work in progress". Mais dans des compétitions relevées, de calibre international, c'est tout le contraire. Il va procéder en suivant un plan précis parfaitement adapté au modèle qu'il a choisi. Un plan détaillé qu'il aura préalablement exécuté à maintes reprises à l'entraînement. Un entraînement intensif que Fray compare à celui des athlètes olympiques. Normalement, lui et son assistante mettront entre six et huit heures pour terminer leur journée de labeur. Puisque par nature il s'agit d'oeuvres éphémères, il appartiendra à des artistes photographes de les immortaliser en "jouant" avec la lumière, en trouvant les bons angles et les meilleures poses pour mettre en valeur le travail des peintres et la beauté de leurs modèles...


Même si ces modèles ne portent souvent qu'un "string", leur nudité n'a aucune incidence à caractère sexuel dans l'ouvrage des peintres corporels. Selon Scott Fray, ses modèles vivent des sensations fortes en devenant des oeuvres d'art vivantes. Elles éprouvent un sentiment de puissance comme si elles étaient les bénéficiaires d'un important transfert d'énergie de la part des artistes qui les "transfigurent", qui les révèlent à elles-mêmes ou leur font découvrir une partie de leur personnalité qui était cachée. Certaines ressortent de cette expérience dans un état de choc, ou transformée à jamais. Comme cette jeune femme qui, un jour, a servi de "canevas" à Fray et dont le corps (et l'esprit) était marqué par une cicatrice, résultat d'un accident de voiture datant de quelques années. Depuis ce malheur, elle avait fait le deuil de la beauté de son corps et elle était très complexée. Après sa séance de body painting avec Fray, la jeune femme circula, ainsi "décorée", parmi la foule. Beaucoup de personnes l'arrêtaient pour lui dire comment elles l'a trouvaient jolie. Un compliment qu'elle n'aurait jamais cru pouvoir entendre au cours de sa vie et qui .

De tels exemples, Fray peut en citer bien d'autres, et ce pouvoir de "guérison" est l'aspect de son travail qu'il trouve le plus gratifiant. Selon lui, la triple couronne qu'il a remportée cette année en devenant membre émérite de l'IFABPA, et champion nord-américain et mondial de body painting, lui permettra d'accéder à un niveau supérieur dans sa carrière. À voir ses réalisations passées, déjà si merveilleuses, on se demande bien jusqu'où il pourra bien se rendre dans la maîtrise de son art. Un art captivant, au mille facettes, qui, en s'éclatant, pourrait marquer l'histoire de ce siècle...



jeudi 31 mars 2011

LA "TENNIS GIRL" DE MARTIN ELLIOTT : UN CHEF-D'OEUVRE CLASSIQUE TEINTÉ D'HUMOUR ET DE SENSUALITÉ !


Ceux et celles qui ont bien connu le photographe anglais Martin Elliott (1946-2010) l'ont décrit comme étant un esprit libre. Un homme déterminé possédant un grand sens de l'humour. Un farceur, un bon vivant et un éternel optimisme qui a toujours essayé de profiter pleinement de la vie. Enfant unique, élève brillant, il a terminé ses études sans savoir quel métier il voulait exercer. Son père travaillant dans le domaine de l'assurance, le jeune Martin tenta de suivre ses traces mais il se rendit compte rapidement que ce boulot l'ennuyait. Il en fut tout autrement lorsqu'il décida de s'intéresser davantage à la grande passion de son paternel : la photographie. Pour apprendre la profession, il s'inscrit au collège d'art de Loughborough. Et afin de compléter son éducation il fréquente le Royal College of Photography de Birmingham. Désirant vivre de son art, Elliott rêvait de vendre ses photos pour qu'elles deviennent des posters.



À cette époque, en 1976, le photographe en herbes entretenait une relation amoureuse avec une étudiante en art de 18 ans du nom de Fiona Butler, qui habitait toujours avec ses parents. Par un bel après-midi d'été, les deux tourtereaux se rendent sur le court de tennis de l'Université Birmingham, à Edgbaston, pour une séance de prises de photos. Martin a emprunté une raquette et il a fait confectionner une tenue de tennis "sexy" par un ami. Tout se déroule naturellement et fort bien. Ils ont beaucoup de plaisir. Cependant, Martin n'est pas satisfait de la lumière sur un de ses clichés. Lui et sa belle font un nouvel essai l'après-midi suivant, au même endroit. Cette fois, les conditions sont parfaites. Fiona, qui ne connaît pourtant pas le tennis et n'a jamais appris à en jouer, collabore très bien avec son amoureux et, telle une grande actrice, paraît à l'aise dans son "rôle de composition". Il faut dire qu'elle avait le physique de l'emploi pour mystifier tout le monde : épaules larges, corps d'athlète, pas de sur-poids. L'illusion était parfaite : elle ressemblait à une vraie professionnelle du tennis ! Lors de la prise de photo elle est statique mais donne réellement l'impression de marcher...



Publiée pour la première fois, la même année, à l'occasion du Jubilé de la Reine, la photographie connaît un succès instantané. Elliott la vend à l'agence Athena mais conserve un copyright. Il réalise son rêve quand son oeuvre se retrouve sous forme de poster et de calendrier dans une quantité impressionnante de chambres de garçons, un peu partout dans le monde ! À ce jour, il s'en est vendu pour plus de deux millions de copies, ce qui en fait la photographie la plus populaire de tous les temps ! Pourquoi est-elle devenue une icône classique des temps modernes ? À cause de son originalité, de son caractère intemporel, de sa brillance. On l'a qualifiée de "portrait de l'élégance dans la simplicité". De par la pose sculpturale adoptée par le joli modèle, il me semble que cette oeuvre emprunte un petit quelque chose de l'art des statues grecques de l'Antiquité. Qu'elle est une image actualisée des déesses à robe blanche de la mythologie. Avec également une touche sensuelle symbolisant la libération sexuelle des femmes des années '60 et '70. De plus, la maîtrise de la luminosité démontrée par Elliott, produit un effet pictural digne des grands peintres. Il colore brillamment, et de façon bien dosée et équilibrée, chacun des éléments ou des champs de la photographie. Pour en arriver à un résultat si éclatant, peut-être que Fiona et Martin ont su mettre magistralement à profit leurs études en histoire de l'Art !



Ce qui a contribué à captiver les esprits autour de cette photo, c'est son aura de mystère. Elliott n'a révélé l'identité de son modèle que 25 ans après la réalisation de son oeuvre-phare. Celle qui a fait sa renommée et une partie de sa fortune, bien que les biographes du photographe, né le 12 juillet 1946 à Oldbury, ne s'entendent pas sur le montant d'argent qu'il a pu tirer de ce cliché célèbre. Au début, les bonzes de l'art photographique n'ont pas reconnu la valeur du travail de Martin Elliott. Ils le regardaient pas mal de haut, avec un certain mépris. Le jeune homme était inconnu et plusieurs usurpateurs ont tenté de revendiquer la paternité de son oeuvre. Tout comme plusieurs femmes ont prétendu être le modèle apparaissant sur la photo. Ils ont tous été confondus. Les gens croyaient que c'était une star du tennis photographiée à son insu. On a longtemps et vainement essayé de deviner son identité en comparant des photos de joueuses bien connues, prises de dos.



Ce chef-d'oeuvre a tellement marqué son époque qu'il a eu une foule d'imitateurs et a été l'objet de bien des parodies. Elle a aussi fait partie des présentations de la populaire émission satirique SPITTING IMAGE à la télé anglaise. Des célébrités comme Paris Hilton et la chanteuse Kylie Minogue (photo ci-dessus) y ont puisé leur inspiration. D'autres comme les acteurs Ernest Borgnine et Charlton Heston ont été des admirateurs de la fameuse composition de Butler et Elliott. Le cruel meurtrier en séries Dennis Nielsen en était aussi un fan.



Fiona et Martin se sont fréquentés pendant deux ou trois ans avant de mettre fin à leur liaison. Ils sont restés amis. Aujourd'hui âgée de 52 ans, Fiona (ci-dessus) est encore fière de cette photo passée à l'histoire. Un accomplissement qu'elle n'aurait jamais pu imaginer lorsqu'elle a posé naïvement pour Elliott. Elle croit que c'est la qualité de la lumière qui rend cette photographie si belle et si exceptionnelle. Celle qui est maintenant illustratrice et a épousé le millionnaire Ian Walker, avec qui elle a eu un fils et des jumelles, n'a jamais reçu un sou pour sa collaboration au travail de Martin Elliott. Elle n'en a jamais eu de peine ni de ressentiment puisque c'était une faveur qu'elle faisait à son ami. Fiona sourit toujours lorsqu'elle revoit la photo, et ses enfants disent aux gens que c'est leur mère qui apparaît sur ce cliché extraordinaire. Mais rares sont les personnes qui les croient.



Martin Elliott, un maniaque de surf, de camping-caravaning et de moto, a fait carrière en publicité et a longtemps travaillé dans son studio de photographe professionnel à Birmingham. Il a développé un style très personnel, et facile à reconnaître, axé sur diverses techniques d'éclairage. Il a fait beaucoup de calendriers. Il a lutté courageusement pendant une dizaine d'années contre une forme rare de cancer à la poitrine, avant d'en mourir en mars 2010. Jusqu'à la fin, le fameux photographe de la classique "tennis girl" n'a pas cessé d'exercer son excellent sens de l'humour et de faire preuve d'un optimisme illimité, en faisant des blagues et en croyant toujours que sa santé irait mieux. Il a laissé à l'humanité une oeuvre qui vaut la peine d'être appréciée à sa juste valeur...