mardi 29 juillet 2014

LES ÉBLOUISSANTES PEINTURES DANSANTES DE RACHELLE DYER ET COMPAGNIE...

DE NOLI - Belly Dancer of Chatanoga
«Cette fête du corps, devant nos âmes, offre lumière et joie».  Paul Valéry

Nous vivons à une formidable époque dans laquelle science et art s'unissent pour sublimer et enrichir notre expérience du "beau".  Ce mariage intime entre esprit scientifique et sensibilité artistique est relativement nouveau.  Ces deux entités différentes s'étant plutôt ignorées ou "snobées" depuis l'avènement des temps modernes.  Mais voilà que les préjugés ou les frontières ont explosé, entre ces deux mondes, au cours des dernières décennies; pour notre plus grand bonheur !  Les nouvelles technologies, notamment en infographie et en techniques cinématographiques, ont permis à des artistes de génie de faire éclater les genres et d'offrir des spectacles grandioses issus d'une approche multidisciplinaire.


ROBERT  LEPAGE
Robert Lepage, de Québec, en est un bon exemple.  Attiré dès son jeune âge par toutes les formes d'art, ce metteur en scène de 56 ans, a conquis le monde entier par sa puissante et originale opération de création, tenant à la fois de la globalisation et de la symbiose du théâtre, du cinéma, de la musique, du cirque, de la projection d'images, de la littérature, de la mise en lumière, de l'opéra et de la chanson.  Cet amalgame et cette fusion des arts sont mis en valeur et poussés à leur paroxysme par des moyens techniques à la fine pointe de l'innovation.   Cette prospection tous azimuts nous entraîne dans un univers étonnant et envoûtant, même s'il peut être déroutant et déstabilisant, parfois...le temps de l'apprivoiser et d'y entrer de plain-pied.

Cette fête des arts qui s'épousent, se fécondent et produisent des fruits savoureux, je l'ai retrouvée dans les oeuvres de jeunes peintres qui, comme Lepage, ont pris le beau parti de décloisonner les genres et d'inventer leur propre style.  Voici un bref regard sur leur passionnant parcours...



RACHELLE DYER - Lunge to the Side
«Quand tu danses...tu sors de toi-même, tu deviens plus grand et plus puissant, plus beau.  Pendant quelques minutes, tu es héroïque.  C'est la puissance.  C'est la gloire sur terre.  Et cela t'appartient, chaque soir.»  Agnes de Mille

Certains arts sont proches parents et peuvent être maîtrisés ou combinés mieux que d'autres par le même artiste.  Mais il faut être doué, fort savant ou très instinctif pour exceller avec autant de talent dans plus d'une discipline à la fois.  Avoir expérimenté personnellement, intensément et intrinsèquement ces formes d'art distinctes est certes un grand avantage et un atout incomparable.  C'est le cas pour une brillante jeune artiste canadienne du nom de Rachelle Dyer.  Dès l'âge de six ans, cette résidente de Burnaby, en Colombie-Britannique, influencée par une famille dans laquelle les arts fleurissent dans un bon terreau, tombe en amour avec la danse.  Elle se met au ballet parce qu'elle aime la beauté et la grâce de ces mouvements dynamiques et rythmés qui lui procurent des sentiments de paix et de liberté lorsqu'elle est sur scène.  Mais à peine entamée, sa carrière professionnelle de danseuse est compromise, et bientôt avortée, par des blessures chroniques.
RACHELLE DYER
C'est alors qu'elle se tourne vers la peinture, dont elle avait appris les rudiments au cours de ses études secondaires.  Mais tout son corps, son coeur et son âme sont toujours possédés par la danse et la musique qui l'accompagne habituellement.  Ce bagage d'intuition, de sensations et d'expérience lui servira à jamais d'inspiration pour ses oeuvres dessinées et peintes.  Rachelle, dans la quête absolue de la maîtrise de son style, cherche à capturer, sur ses toiles, l'émotion et l'essence des mouvements propres aux danseurs.  Le but de cette ingénieuse autodidacte est de faire ressentir aux personnes qui observent ses tableaux, les mêmes vibrations que celles qui l'animent intérieurement quand elle peint.

RACHELLE DYER - Moving Through
Cette jolie Canadienne d'à peine 26 ans fait passer sa magie artistique par la lumière et la passion qu'elle met dans les yeux de ses sujets "dansants".  Ces tours de prestidigitation se traduisent aussi dans la tension et l'élan que mademoiselle Dyer insuffle dans les bras et les jambes de ses personnages, touchés par l'amour de leur art...  Le résultat s'avère superbe et on se demande jusqu'où pourra bien aller cette poète du pinceau, déjà excellente à un si jeune âge !  Quelle danseuse elle devait être !  Du genre de celles dont Henry Havelock Ellis a dû s'inspirer pour écrire, dans son livre "LA DANSE DE LA VIE" : «La danse est le plus sublime, le plus émouvant, le plus beau de tous les arts, parce qu'elle n'est pas une simple traduction ou abstraction de la vie; c'est la vie elle-même».  Rachelle Dyer est-elle une danseuse qui peint, ou bien un peintre qui danse dans ses toiles ?  Il semble que les deux hypothèses sont vraies et font d'elle une artiste exceptionnellement remarquable...


A. KURASOV - Salome Dance
Beaucoup de peintres admirables se sont inspirés de la danse pour ravir les amateurs d'art.  Parmi mes préférés : encore un Canadien, Oliver Ray, la Bulgare Galya Bukova, les Russes Misti Pavlov et Leonid Afremov (Biélorussie), l'Anglaise Josephine Wall et, bien sûr, l'incontournable maître français Edgar Degas.  Le diaporama suivant nous montre certains de leurs chefs-d'oeuvre, accompagnés par la poésie musicale d'un illustre compatriote de Rachelle Dyer, le montréalais Leonard Cohen, qui chante, en concert, son immense succès DANCE ME TO THE END OF LOVE.  Sur ces accords envoûtants, qui font un peu penser à ceux du folklore musical grec, on peut s'imaginer facilement en train d'admirer, en pleine action, la déesse de la danse, la captivante Terpsichore.  À moins que ce ne soit les Bacchantes ou Salomé...  Tous les rêves sont permis...